Article d’opinion paru dans le Hill Times Policy Briefing sur l’environnement du 7 juin 2021.
Atteindre les objectifs du Canada en matière d’action climatique et de réduction des émissions de GES sera un défi.
Nous devrons mettre en œuvre une gamme diversifiée d’options, tant existantes qu’émergentes.
Toutes les options technologiques devront être mises à profit : énergies renouvelables, nucléaire, hydrogène et autres. Nous avons besoin de toutes ces technologies pour réussir. Il ne s’agit pas d’un choix entre les énergies renouvelables et le nucléaire, il s’agit d’utiliser les deux, voire d’utiliser le nucléaire aux côtés des énergies renouvelables dans les marchés où les énergies renouvelables seules ne sont pas viables.
En Ontario, par exemple, nous avons tiré profit de la diversification de l’environnement énergétique. Dans les années 1950, l’Ontario a choisi de diversifier ses sources de production d’électricité en s’associant à EACL pour poursuivre le développement du nucléaire. Plusieurs décennies plus tard, lorsque le pétrole et le charbon sont devenus trop coûteux et polluants, l’Ontario a pu éliminer ces sources en utilisant d’autres sources énergétiques déjà en place.
Pour réduire les émissions actuelles dans tout le Canada et atteindre le niveau net zéro, nous aurons besoin d’énergie propre additionnelle afin de répondre à la demande en électricité, y compris la demande accrue liée à l’électrification. Nous devrons également réduire les émissions liées à l’extraction des ressources, permettre le captage du carbone et favoriser la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles dans le secteur des transports. Tout cela signifie qu’il faudra davantage d’énergie propre.
Les réacteurs nucléaires et les petits réacteurs modulaires (PRM) sont des technologies qui n’émettent pas de gaz à effet de serre. Le parc nucléaire actuel du Canada, composé de 19 réacteurs, produit environ 15 % de l’approvisionnement en électricité du pays, et plus de 60 % en Ontario.
Ces réacteurs sont utilisés de concert avec l’hydroélectricité et les énergies renouvelables pour fournir au réseau plus des trois quarts de l’électricité sans émissions du pays. L’énergie nucléaire fait partie intégrante de la performance du Canada aujourd’hui et fera partie intégrante de l’atteinte de nos objectifs en matière d’action climatique à l’avenir.
La recherche et le développement entrepris par les Laboratoires Nucléaires Canadiens (LNC) et d’autres organisations au Canada ont contribué à l’exploitation continue et fiable de notre parc actuel et à sa remise à neuf. L’expérience et l’expertise des LNC sont maintenant utilisées pour soutenir l’émergence des PRM et des technologies nucléaires avancées au Canada.
Au-delà de l’applicabilité au réseau existant, qui est envisagée dans plusieurs provinces (l’Alberta, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario et la Saskatchewan ont récemment signé un protocole d’entente dans lequel ils s’engagent à collaborer à l’avancement des PRM en tant qu’option d’énergie propre), les PRM offrent des options d’énergie non émettrice dans de nouveaux marchés comme les mines et les communautés éloignées. Ainsi, ils permettent au Canada d’être à l’avant-garde pour répondre aux impératifs de sécurité énergétique et de réduction des émissions de carbone dans des marchés où les options étaient jusqu’à présent limitées.
Aujourd’hui, le Canada est l’un des chefs de file internationaux dans le domaine des PRM, et pourrait bénéficier d’importantes possibilités économiques en étant le premier à les commercialiser.
Avec l’annonce récente par la Commission canadienne de sûreté nucléaire que la demande de Global First Power pour un permis de préparation de site pour un projet PRM aux Laboratoires de Chalk River passe à l’étape de l’examen officiel du permis, nous nous rapprochons de la commercialisation des PRM au Canada.
La crise climatique exige que des mesures soient prises dès maintenant pour mobiliser les technologies existantes, et elle exige que des mesures soient prises dès maintenant pour mobiliser les technologies de demain. Les deux sont nécessaires, mais aucune n’est suffisante. Pour éviter une pénurie d’énergie, nous aurons besoin d’une diversité d’options : non seulement l’hydroélectricité, le nucléaire, l’éolien et le solaire, mais aussi un mélange optimal de différentes conceptions de chacun de ces éléments pour nous permettre de nous adapter aux événements imprévus.
Dans la lutte contre les changements climatiques, toutes les options devraient être explorées.
Fred Dermarkar est président et premier dirigeant d’Énergie atomique du Canada limitée (EACL) depuis février 2021, après avoir passé 40 ans dans le secteur nucléaire canadien.
EACL est une société d’État fédérale dont le mandat est de favoriser la science et la technologie nucléaires et de protéger l’environnement en s’acquittant des responsabilités du gouvernement du Canada en matière de déchets radioactifs et de déclassement.